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le 9 Juin 2017
Contribution de Robert Lyman © 2017
“Les faits, et seulement les faits” doivent nous éclairer et nous préserver de malentendus entourant toute discussion, alors que l’administration Trump a pris la décision de se retirer de l’Accord de Paris COP21 (2015) qui traite du changement climatique.
Les médias ont sursauté en nous affirmant que le ciel allait nous tomber sur la tête, et que les Etats-Unis avaient abandonné leur « leadership », tout en comparant ce pays à un « état paria » comme la Corée du Nord, la Somalie, la Libye et l’Ouganda !
Examinons donc les faits!
Question: A quoi se sont précisément engagés les pays du COP21?
Réponse: Le COP21 ne contient aucun engagement des pays signataires de l’Accord à se soumettre à des objectifs de réduction d’émissions, aussi bien globalement que séparément ; il n’y a aucune sanction légale pour non-conformité. Il s’agit seulement d’un engagement politique sur la base d’efforts possibles pour garder les émissions globales à effet de serre à un niveau pour ne pas dépasser, en théorie, une hausse moyenne de température globale de 1,5°C.
Chaque pays signataire s’engage à « préparer et respecter sa “contribution nationale” à atteindre », mettre ses plans à jour tous les cinq ans et rendre compte de ses mesures de réduction d’émissions domestiques.
Un pays peut se désister de l’Accord après trois ans, avec un an de préavis.
La question de savoir si le COP21 est un accord ou un traité n’est pas résolue!
Si aux Etats-Unis il s’agit d’un traité, le sénat américain devrait le ratifier, ce qui est pratiquement irréalisable. Appeler le COP21 un simple accord dans les autres pays signataires détruirait sa crédibilité. Cela explique donc pourquoi l’accord/traité n’engage ces pays qu’à un « objectif philosophique », en évitant surtout toute cible précise.
Le COP21 a de nouveau fait écho du “Green Climate Fund” de 100 milliards de dollars établi lors du COP15 de Copenhague, tout en prenant en considération les besoins et priorités des pays en voie de développement. Les 24 pays cités à l’Annexe II devant le fonder incluent plusieurs pays de l’OCDE, mais excluent de grands pays riches comme la Chine, la Russie, le Brésil, et l’Arabie Saoudite ! Parmi les pays en voie de développement qui sont éligibles à recevoir des contributions du Fond, on trouve la Chine, le Brésil, le Méxique et l’Inde. Et il n’y a aucune contrainte pour ces pays à rendre compte de l’utilisation des fonds reçus!
Question: A quoi se sont engagés les pays lors les accords précédents, et qu’en est-il résulté?
Réponse: En 1988, des gouvernements se sont inquiétés de la possibilité que l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre (GES) émanant de l’activité humaine n’ait de répercussions néfastes sur la température du globe. En 1992, les pays développés se sont mis d’accord sur un objectif à caractère volontaire de stabilisation des GES au niveau de celui de 1990 à l’échéance 2005. Seuls l’Allemagne et le Royaume-Uni ont réussi à l’atteindre.
En 1997, quelques 150 pays s’engagèrent suivant le Protocole de Kyoto à réduire entre 2008 et 2012 les émissions de GES à en moyenne 5% en dessous des niveaux de 1990. Ni la Chine ni l’Inde ne signèrent le traité, tandis que les Etats-Unis le signèrent mais sans le ratifier, donc que les trois plus gros émetteurs se soient abstenus!
En 2011, le Canada, le Japon et la Russie annoncèrent qu’ils n’assumeraient plus d’objectifs additionnels du Kyoto. Le Canada se retira de Kyoto en décembre 2011, en objectant qu’il serait forcé de payer 14 milliards de dollars de pénalités alors qu’aucun autre pays n’y était assujetti.
Seuls l’Allemagne, le Royaume-Uni et la Suède ont pu parvenir à leurs objectifs Kyoto. L’Allemagne a réussi grâce à son électricité produite à partir de lignite, suite à la réunification et modernisation de l’Allemagne de l’Est. Le Royaume-Uni remplaça le charbon par le gaz naturel. Quant à la Suède, elle transforma ses systèmes de chauffage, passant du charbon à la biomasse et remplaçant les chaudières au fioul par des thermopompes. Les Nations-Unies (ONU) pensent que la biomasse a un bilan carbone neutre, bien que sa combustion dégage de grosses quantités de dioxyde de carbone dans l’atmosphère.
Une seconde période d’engagement, l’Amendement de Doha, fut adoptée en 2012, suivant lequel 37 pays étaient assujettis à des objectifs obligatoires. Cependant, cet Amendement n’entra jamais en vigueur, n’ayant pas reçu l’accord nécessaire de 144 pays.
Question: Où en sommes-nous des émissions globales depuis que les pays ont adopté des objectifs de réduction?
Réponse: Le tableau ci-dessous nous indique les niveaux d’émissions globales pour quatre années depuis 1990, exprimés en millions de tonnes équivalent CO2, d’après le « United States Carbon Dioxide Information Analysis Center ».
Emissions Globales | |
An | Mégatonnes Equivalent CO2 |
1990 | 22,273 |
2000 | 24,690 |
2010 | 33,472 |
2014 | 36,138 |
Résumons: en dépit des accords répétés des différents gouvernements pour réduire les émissions globales, celles-ci ont augmenté de plus de 62% entre 1990 et 2014. Cette croissance vient surtout des pays moins développés, de l’Asie en particulier.
Question: Quelles sont les Contributions Nationales que les pays engagés du COP21 ont soumis?
Réponse: Le 30 Octobre 2015, le secrétariat de l’ONU publia un rapport de synthèse sur les contributions nationales cumulées (INDCs) qui auraient été soumises à ce jour. Donc, 119 soumissions ont été reçues, couvrant 147 pays de la Conférence des parties, et représentant 86% des émissions globales à 2010.
Selon cette synthèse, les mesures prises dans les contributions nationales devraient résulter à un niveau de 55.3 gigatonnes (Gt) d’émissions d’équivalent CO2 en 2025, et de 56.7 Gt en 2030. Ces émissions seraient en 2025 de 34 à 46% plus importantes que celles de 1990, et de 37 à 52% en 2030. L’ONU estime que la croissance des émissions serait ralentie de 10 à 57% du taux établi de 1990 à 2010.
Bjorn Lomborg, professeur au Copenhagen Business School, a analysé l’impact de réduction de température des contributions nationales soumises à ce jour, se servant du modèle standard informatique MAGICC.
Cette modélisation intègre toutes les hypothèses et équations de l’IPCC (Intergovernmental Panel on Climate Change) qui supposent que l’augmentation anthropique des GES seraient la cause d’un réchauffement global important dans l’avenir, ce qui reste toujours l’objet de débats houleux.
Tout en restant optimiste, en supposant que les réductions d’émissions promises au cours de ce siècle soient soutenues, les impacts des Actions à prendre conformément au COP21 sont en général faibles. Toutes politiques climatiques des Etats-Unis, Chine, UE et reste du monde, mises en œuvre depuis les années 2000 jusqu’en 2030 et soutenues durant le siècle, ne causerait probablement qu’un ralentissement de la hausse de température globale de 0,17°C en 2100!
En fait, ces engagements n’auront que peu d’effet sur la stabilisation du climat, et leurs impacts seront indétectables pour de nombreuses décennies.
Le graphique ci-dessous illustre le peu d’impact du COP21.
Question: Est-il vrai que sa contribution nationale démontre le leadership mondial de la Chine en réponse au réchauffement global?
Réponse: La contribution nationale chinoise (INDC) a été reçue favorablement par plusieurs groupes écologiques. Rappelons que la Chine est de loin l’émetteur le plus important de GES dans le monde.
L’économie et la population chinoises continuent de grandir rapidemment lorsqu’on les compare aux autres pays, ainsi donc le défi pour la Chine est en quelque sorte to briser le lien entre sa croissance économique et l’augmentation de ses émissions associées à une demande accrue d’énergie. La contribution nationale chinoise doit inclure des projets pour que leur économie soit moins fortement intense en émissions.
Ainsi, le but est de faire décroître les émissions de CO2 par unité de PIB de 60% à 65% du niveau 2005 en 2030. La Chine espère aussi accroître la proportion de combustibles non fossiles pour sa consommation énergétique primaire aux environs de 20%, et d’augmenter substantiellement l’envergure de ses forêts. Ceci résulterait à ce que les émissions chinoises culmineraient vers 2030, et peut-être même décliner ensuite.
Ce sont des buts probablement « inspirants », alors qu’ils impliquent des modifications sans précédents de leur économie énergétique. En admettant que ces objectifs soient atteints, il est néanmoins certain que les émissions chinoises en 2030 seraient entre deux et deux fois et demi supérieures à celles des Etats-Unis, le deuxième plus gros émetteur au monde.
Non seulement le COP21 n’oblige pas la Chine à verser de contributions au « Green Climate Fund », mais, comme noté plus haut, la Chine peut de fait se qualifier comme bénéficiaire du fond.
Question: Quelles sont les sources actuelles de consommation d’énergie au monde?
Réponse: Selon la International Energy Agency, en 2012 (date la plus récente pour disponibilité de données confirmées), la consommation globale d’énergie par source, mesurée en quadrillion de British thermal units (Btu) est comme suit : carburant liquide (huile et liquides de gaz naturel), 183,55 ; charbon : 153,27 ; gaz naturel : 124,21 ; nucléaire, 24,47 ; et renouvelables : 63,77. Les renouvelables incluent principalement l’énergie hydro-électrique et la biomasse, c’est-à-dire la combustion traditionnelle de bois et de fumier animal séché. En gros, la répartition est donc combustibles liquides 33% ; charbon 28% ; gaz naturel 23% ; nucléaire 5% ; et renouvelables 12%. Les énergies solaire et éolienne comptent ensemble pour moins de 2%.
Question: Comment les experts projettent la croissance des GES pour l’avenir?
Réponse: Selon la publication « 2016 International Energy Outlook » de la « United States Energy Information Administration », basée sur une analyse sérieuse des tendances économiques, démographiques et technologiques, les émissions globales de CO2 liées aux énergies vont croître de 32.3 Gt en 2012 à 43.2 Gt en 2040, soit une augmentation de 34%. Quatre-vingt dix pour cent de la croissance des émissions viendront des pays hors l’OCDE, principalement Chine, Inde et Asie de sud-est.
Le graphique ci-dessous illustre ces tendances.
Ce sont les faits. Le lecteur peut conclure par lui-même à savoir si la participation ou non des Etats-Unis au COP21 aurait une retombée importante sur la croissance des GES ou sur la température globale moyenne du futur.
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