Traduction: “New France: The Carbon Conquest?”

Le Premier ministre du Canada, Justin Trudeau, s’est adressé à l’Assemblée nationale française le 17 avril, 2018.

Au cours de son allocution, il a affirmé que le Canada respectera les accords de Paris du COP21 pour la réduction des gaz à effet de serre (GES) – malgré que le Canada soit en ce moment dans une impasse sur la construction de l’oléoduc Kinder Morgan Trans Mountain qui transporterait les sables bitumineux de l’Alberta vers un port maritime de la Colombie Britannique. De plus, il semblait présenter ses excuses auprès des français du fait que le Canada continuait de dépendre du pétrole.

Depuis la crise pétrolière des années 70, la France avançait sa devise : « Nous n’avons pas de pétrole, nous avons des idées. » Il apparaît que leur idée la plus récente fut l’accord sur le changement climatique et la culture, signé le jour avant. Le Canada est au troisième rang des réserves de pétrole au monde. Peut-être que ce traité était une bonne idée pour la France, mais l’était-il pour le Canada ?

Les anglo-saxons canadiens ne sont pas très conscients du fait que le Canada français constitue un groupe puissant. La plupart des sociétés importantes du Canada sont domiciliées au Québec, et selon Finance Canada, plus de 200 de ces sociétés ont leurs sièges en France.

Le commerce canadien avec la France remonte aux années 1700 et la Bataille de Québec. De fait, le Premier ministre Trudeau mentionne ses racines françaises, qu’il est le descendant d’un charpentier qui s’expatria vers un avenir meilleur. En effet, les temps du début de la colonisation de la Nouvellle France étaient très durs. Rappelons que c’était l’époque du Petit Âge Glaciaire (Little Ice Age), quand les températures mondiales étaient plus froides et les conditions météorologiques imprévisibles. Comme Gordon Donaldson nous le raconte dans son livre « Battle for Quebec », les élites gouvernantes françaises prenaient en pitié les paysans-fermiers québecois, les invitant à s’assoir aux balcons pour assister aux festins du gouverneur et ses élites.

La paysannerie canadienne-française manifestait sa colére contre ce comportement élitiste en griffonant des graffiti sur les murs les enjoignant de repartir chez eux. Ce mépris pour le canadien-français ordinaire fût la raison principale de n’avoir pas réussi à s’implanter en Nouvelle France : corruption des élites et indifférence cruelle envers ces pauvres charpentiers, comme pour l’ancêtre de notre Premier ministre.

Je me suis intéressé à cette période de l’histoire du Canada quand je travaillais au Québec dans les années 1980 avec les cinéastes Marie-José Raymond et Claude Fournier. Nous produisions un téléfilm sur Louisbourg, cette magnifique forteresse édifiée par Vauban, réputée imprenable par les britanniques… malheureusement la forteresse et la Nouvelle France furent perdues aux mains des britanniques, les soldats français complètement démoralisés. Ces pauvres gens vivaient à une époque de grande corruption des élites françaises ; tout ce que nous cinéastes pouvions faire était d’en faire une comédie…

Mais, revenons au présent. Est-ce que la France tenterait de réhabiliter son passé en imposant la taxe carbone ? En 2016, la France a unilatéralement imposé une loi requérant que les investisseurs étrangers établissent un plan « 2°C » – et il y a des billions de dollars investis au Canada.

Selon Robert Lyman, conseillé en énergie d’Ottawa, si le Canada devait remplir ses obligations de réduction de GES suivant l’accord de Paris, en réduisant les émissions, notre économie tomberait en poussière, ressemblant à celles de l’Irak, Bolivie, ou Soudan.

Bien évidemment, la seule façon de prétendre remplir ces obligations implique le commerce du carbone, et ainsi insister sur un prix du carbone.

Bruno Wiskel nous rappelle dans son livre “The Emperor’s New Climate” :

en février 2005, les députés du Bloc Québecois prétendaient que, parce que le Québec ne dépend que de son hydroélectricité, source d’énergie « propre », ils ne devraient être responsables que de 5% des réductions du tout le pays, tandis que l’Alberta devrait contribuer 40%. En théorie, l’Alberta pourrait accomplir cet exploit en achetant des crédits de carbone du Québec. Une telle combine n’entrainerait pas de différence dans le montant d’argent circulant d’ouest en est, seulement un changement de formule. Au lieu que le Québec reçoive la « charité » de l’Alberta par le biais des paiements de transfert fédéraux, le Québec « gagnerait »  cet argent par crédits de carbone issus de Kyoto.

La France aurait-elle la même idée ? La principale source d’énergie employée en France est le nucléaire, et la France planifie les transports uniquement avec l’électricité, ceci étant possible dans un pays au climat tempéré possédant tant de centrales nucléaires. Pensez aux revenus qui pourraient être générés au Canada… surtout en Alberta !

De plus, ceci nous semble être un coup génial de géopolitique par le président Macron pour isoler les Etats-Unis encore plus, en les coinçant ainsi à entrer dans des accords de marché carbone et aussi se conformer aux accords de Paris.

Cependant, la PPHB, banque américaine d’investissements énergétiques, publiait leurs réflexions le même jour que le discours du Premier ministre Trudeau à l’Assemblée nationale. PPHB nous parla du gouvernement canadien et de l’oléoduc Kinder Morgan bloqué:

le gouvernement fédéral, par son soutien de certains projets énergétiques tandis qu’il en rejette d’autres, s’est mis dans une position à la fois pro-énergie et anti-énergie. Ce dédoublement de personnalité politique est interprété par l’industrie énergétique mondiale comme un signe que le Canada a évolué en un pays hostile aux affaires. Pour une industrie qui opère en termes de décennies pour planifier et développer des projets à très longue haleine, cette hostilité affichée pourrait endommager l’économie canadienne à long terme, en particulier les provinces de l’ouest, là où l’industrie énergétique est axée. De plus, cette hostilité pourrait s’étendre à d’autres ressources, les mines, le bois et d’autres industries d’extraction, et ainsi les mettre en garde que leur croissance pourrait être bientôt contestée.

Le Premier ministre n’est peut-être pas au courant que la demande mondiale de pétrole a augmenté de 1,6% (soit 1,5 million de barils par jour) en 2017, un taux qui a plus que doubler par rapport à la moyenne de la dernière décennie. IEA 2017

Total SA of France a abandonné les sables bitumineux de l’Alberta pour investir $5 milliards en Iran…

L’usage du pétrole ne diminue pas dans le monde. Sa demande croît, et le Canada devrait construire des oléoducs et adhérer à l’économie globale.

Devrions-nous rappeler au Premier ministre que son aïeul, comme la plupart de nos ancêtres, sont venus au Canada pour une vie meilleure – et ne retournant pas à une vie de servitude.

Le dioxyde de carbone n’est pas la commande de réglage du climat.

Les taxes sur le carbone et les marchés du carbone ne contribuent en rien à se prononcer sur le climat. Ces taxes ne font que rendre les gens libres pauvres, et les pauvres ont faim.  Réfutation: Ecofiscal

Santayana ne disait-il pas que ceux qui ne se souviennent pas de l’Histoire sont condamnés à la répéter…

William Kay – Post-Paris trilogy

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